lundi 1 octobre 2012

Les Normands et les monastères des Provinces du Nord


In Annales Vedastini (annales de Saint-Vaast), traduction d’après l’édition de R. Rau, p. 298-300
Repris in Desmulliez et Milis – Histoire des Provinces françaises du Nord, tome 1 : de la Préhistoire à l’an Mil, collection Histoire, Westhoek, édition des beffrois. 1988, 256 p, pp 243-244

L’an du Seigneur 880 … L’abbé Gozlin (de Saint-Amand) et l’armée qui était avec lui, décidèrent d’attaquer les Normands. Ils envoyèrent un message à tous ceux qui se trouvaient de l’autre côté de l’Escaut pour qu’ils se rassemblent au jour fixé dans le but d’anéantir les Normands, les uns de ce côté, les autres de l’autre côté. Mais l’évènement ne répondit pas à leur propos. Car non seulement ils ne connurent aucun succès, mais ils réussirent à peine à échapper honteusement. Plusieurs d’entre eux furent capturés et tués. La peur et l’effroi tombèrent aussi sur les habitants de la région, tandis que les Normands, fiers de leur victoire, n’arrêtèrent pas d’incendier les églises jour et nuit et de massacrer le peuple chrétien. Alors, entre l’Escaut et la Somme et de l’autre côté de l’Escaut tous prirent la fuite, moines, chanoines et moniales avec les corps des Saints, gens de tout âge et de toute condition. Ces Danois n’épargnèrent personne, ni même l’âge, mais ils dévastèrent tout par le fer et le feu. Gozlin et ceux qui étaient avec lui virent qu’ils ne pouvaient résister ; au début d’octobre l’armée fut dissoute et chacun rentra chez soi. Les Normands ou Danois changèrent de poste et au mois de novembre ils construisirent un camp d’hier à Courtrai. A partir de là ils massacrèrent les Ménapiens et les Suèves ( = les habitants de la côte) jusqu’à l’extinction, parce qu’ils leur étaient très hostiles. Un feu dévorant détruisit toute la région. Le roi Louis (III) retourna en France et il célébra la fête de la Nativité du Seigneur dans le palais de Compiègne.

L’an du Seigneur 881. Le 26 décembre, les Normands ont envahi en masse immense notre monastère ( = saint Vaast) et le 28 décembre ils ont incendié le monastère et la cité (d’Arras) – à l’exception des églises – ainsi que le bourg du monastère et tous les domaines du voisinage. Ils ont tué tous ceux qu’ils purent trouver. Ils rodèrent dans toute la région jusqu’à la Somme et ils prirent un immense butin en hommes, bétail et chevaux. De là ils entrèrent à Cambrai encore ce même 28 décembre et ils détruisirent la cité aussi bien que le monastère de Saint-Géry par le feu et le massacre, et ils retournèrent dans leur camp avec un butin immense, ayant dévasté tous les monastères sur la Scarpe. Les habitants avaient pris la fuite ou furent tués. Vers la Chandeleur ils se mirent de nouveau en mouvement et par Thérouanne ils prirent le chemin jusqu’à Centula – le monastère de Saint-Riquier –, celui de Saint-Valéry et toutes les localités, monastères et bourgs, situés sur la mer. De là, ils se dirigèrent jusqu’à la cité d’Amiens et le monastère de Corbie. Chargés d’un grand butin, ils retournèrent dans leur camp sains et saufs. Vers la Saint-Pierre ils vinrent de nouveau à Arras. Ils tuèrent tous ceux qu’ils purent trouver et ils détruisirent toute la région par le fer et le feu, avant de regagner leurs camps indemnes.

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