mercredi 1 mai 2013

Les corneilles de saint Winoc


Avec Saint Willibrord, Saint Winoc est l’autre grande figure du monachisme irlandais, importé en Flandre avec le mouvement d’évangélisation colombanien. L’Irlande, la Bretagne et l’Irlande sont perçus comme un refuge de la chrétienté occidentale. Ces terres fournissent les missionnaires d’un catholicisme prolifique. Qu’ils soient mus par le désir de l’évangélisation ou parce qu’empêchés de pratiquer leur culte, nombre de ces moines passent la manche depuis la Bretagne insulaire.

Winoc est fils d’un roi breton, venu bâtir avec quelques compagnons un monastère à Thérouanne dont il devient le premier abbé mais saint Bertin, abbé du monastère audomarois envoie la communauté à Wormhout. Rapidement, les lieux sont exigus et Winoc transporte la communauté à Bergues où il fonde la paroisse saint  Martin. Ainsi que l’exige la règle bénédictine, les moines allient prière et travail. Ainsi Winoc s’attelle à la tâche en tournant la meule à main afin de fournir à la communauté la farine, base essentielle de leurs repas. C’est ainsi qu’il devient le saint patron des meuniers.

Calme et pieux, il s’éteint en 715 alors que sa réputation s’est installée dans le pays, connu pour sa ferveur, sa douceur et sa fermeté.

Son histoire ne s’arrête pourtant pas là. En 900, le comte de Flandre Baudoin II le Chauve décide la translation des reliques qui ne cessent de voyager en raison des invasions normandes devenues habituelles sur la colline du Mont Vert, le Groenberg et y installe un chapitre qui devient communauté bénédictine en 1022 … Rapidement, le Groenberg devient le mont-saint-Winoc… et mont en flamand se dit Berg. La petite ville prend le vocable de Bergues-saint-Winoc (toujours utilisé mais raccourci en Bergues). Sous les tours de l’abbaye, elle devient une communauté prospère dotée d’une riche bibliothèque et de vastes et beaux bâtiments que les Bien Nationaux de chargent d’abattre bien plus vite que les canons… ne laissant subsister que la tour carrée (qui abrite le château d’eau), la tour pointue, rebâtie en 1812) ainsi que la porte de marbre de l’entrée…

Saint Winoc pourtant ne quitte pas ses campagnes puisqu’il fait partie de la cohorte des saints intercesseurs, notamment invoqué pour la protection des champs contre les corneilles.

Invocation à Saint Winoc

Corneille, va-t’en de ces champs,
Sinon prends garde au chien méchant :
Il te montrera les crocs,
De l’ordre de saint Winoc.
Corneille, si tu ne t’en vas pas,
Attends-toi à un dur combat !
Ta mère sera brûlée,
Et ta fille déplumée,
Ton père sera pendu,
Ton cou sera tordu,
La bataille sera sans merci,
C’est saint Winoc qui te le dit.
Corneille, va-t’en de ces champs,
Avant qu’il ne soit plus temps !
Saint Winoc te le dit gentiment :
Prends tes affaires et va-t’en.
Mais si tu le mets en colère,
Crois bien qu’il gagnera la guerre.

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