mercredi 27 février 2013

aux murs de Saint-Eloi


un simple lien pour ceux qui ne connaissent pas la paroisse historique de Dunkerque
ou, qui trop loin, ne peuvent s'y rendre

mardi 26 février 2013

Les Serments de Strasbourg (842)

Préludes au Traité de Verdun de 843 qui consacre le partage de l'Empire Carolingien qui survécut à Charlemagne sous sa forme entière par le fait de n'avoir qu'un seul héritier mâle, les fils de Louis le Pieux se déchirent entre Francie occidentale, Lotharingie et Francie orientale. Les luttes fratricides profondent ne trouvent alors une solution que dans le partage l'année suivante...


In, Nithard, Histoire des Fils de Louis le Pieux, édition et traduction Ph. Bauer, Paris 1826 (les classiques de l’Histoire de France au Moyen-âge)

" Le 16 des calendes de mars [14 février] Louis et Charles se rencontrèrent dans une cité appelée jadis Argentaria et aujourd’hui communément Strasbourg, et prêtèrent, Louis en langue romane et Charles en langue tudesque, les serments qui sont rapportés ci-dessous. Mais avant de prêter serment, ils haranguèrent comme il suit le peuple assemblé, l’un en tudesque, l’autre en langue romane. Louis, en sa qualité d’ainé, prit le premier la parole en ces termes :

« Vous savez à combien de reprises Lothaire s’est efforcé de nous anéantir, en nous poursuivant, moi et mon frère ici présent, jusqu’à extermination. Puisque ni la parenté ni la religion ni aucune autre raison ne pouvant aider à maintenir la paix entre nous, en respectant la justice, contraints par la nécessité, nous avons soumis l’affaire au jugement du Dieu tout puissant, prêts à nous incliner devant son verdict touchant les droits de chacun de nous. Le résultat fut, comme vous le savez, que par la miséricorde divine nous avons été victorieux et que, vaincu, il s’est retiré avec les siens où il a pu. Mais ensuite, ébranlés par l’amour maternel et émus aussi de compassion pour le peuple chrétien, nous n’avons pas voulu les poursuivre ni les anéantir ; nous leur avons seulement demandé que, du moins à l’avenir, il fut fait droit à chacun comme par le passé.

                Malgré cela, mécontent du jugement de Dieu, Lothaire ne cesse de me poursuivre à main armée, ainsi que mon frère ici présent ; il recommence à porter la désolation chez notre peuple en incendiant, pillant, massacrant. C’est pourquoi, poussés maintenant par la nécessité, nous nous réunissons, et pour lever toute espèce de doute sur la constance de notre fidélité et la solidité de notre fraternité, nous avons décidé de prêter ce serment l’un à l’autre, en votre présence.

                Nous ne le faisons pas sous l’empire d’une inique cupidité, mais seulement pour que, si Dieu nous donne le repos grâce à votre aide, nous soyons assurés d’un profit commun. Si toutefois, ce qu’à Dieu ne plaise, je venais à violer le serment juré à mon frère, je délie chacun de vous de toute soumission envers moi, ainsi que du serment que vous m’avez prêté. »

Et lorsque Charles eut répété les mêmes déclarations en langue romane, Louis, étant l’aîné jura le premier de les observer :

« Pour l’amour de Dieu et pour le peuple chrétien et notre salut commun, à partir d’aujourd’hui, en tant que Dieu me donnera savoir et pouvoir, je secourrai ce mien frère Charles par mon aide et en toute chose, comme on doit secourir son frère, selon l’équité, à condition qu’il fasse de même pour moi, et je ne tiendrai jamais avec Lothaire aucun plaid qui, de ma volonté, puisse être dommageable à mon frère Charles. »

Lorsque Louis eut terminé, Charles répété le même serment en langue tudesque :

« Pour l’amour de Dieu et pour le salut du peuple chrétien et notre salit à tous deux, à partir de ce jour dorénavant, autant que Dieu m’en donnera savoir et pouvoir, je secourrai ce mien frère, comme on doit selon l’équité son frère, à condition qu’il en fasse autant pour moi, et je n’entrerai avec Lothaire en aucun arrangement qui, de ma propre volonté, puisse lui être dommageable. »
Le serment que prononça chacune des deux nations dans sa propre langue est ainsi formulé en langue romane :

« Si Louis observe le serment qu’il jure à son frère Charles et si Charles, mon seigneur, de son côté, ne le respecte pas, si je ne puis l’en détourner, ni moi ni aucun de ceux que j’en pourrai détourner, nous ne lui serons d’aucune aide contre Louis. »

Et en langue tudesque :

« Si Charles observe le serment qu’il a prêté à son frère Louis et que louis, mon seigneur, rompt celui qu’il a juré, si je ne puis l’en détourner, ni moi, ni aucun de ceux que j’en pourrai détourner, nous ne lui prêterons aucune aide contre Charles. »

Ces serments accomplis, Louis se dirigea sur Worms, le long du Rhin par Spire, et Charles le long des Vosges, par Wissembourg."

lundi 25 février 2013

Les démêlés des évêques de Cambrai avec leurs avoués…


In Gesta episcoporum Cameracensium, III, 40-12 ; édition MGH, SS, t. VII, pp 481-481, tradition de M. Faverot sous le titre erroné Chronique d’Arras et de Cambrai par Balderic, Valenciennes, 1836, pp. 343-346

Note : Les démêlés des évêques de Cambrai avec leurs avoués remplissent tout le XIe siècle. Ils ne diffèrent d’ailleurs que par leur intensité des conflits du même genre à propos des grandes abbayes. Les liens vassaliques étaient bien incapables d’harmoniser ces intérêts contraires.
Les Gestes des évêques de Cambrai, source historique de premier ordre fournissent le texte des serments prêtés par le châtelain Gautier et ses cautions à l’évêque Gérard Ier (1012-1051). On remarquera dans le premier pacte l’allusion aux Karlenses (terme que nous traduisons aujourd’hui – faute de mieux – par Carolingiens) : ce sont les habitants du royaume de France, un pays où la décomposition du pouvoir est la plus avancée et qui apparaît pour un observateur étranger comme la terre du désordre et du  péché.

«  Comme Gautier, parjure à ses promesses, retombait sans cesse dans ses fautes accoutumées, nous avons cru devoir rapporter ici la formule des conventions qu’il promettait toujours au seigneur évêque d’observer, au moment de la réconciliation, afin que le lecteur pieux puisse admirer la patience du prélat et déplorer non sans étonnement l’excessive cruauté du tyran. Voici la teneur de ces conventions :

« Je vous garderai la fidélité promise tant que je serai vôtre et que je tiendrai de vous des biens, sans tenir compte des usages et coutumes des Carolingiens, je vous témoignerai l’honneur que les chevaliers lotharingiens rendent à leurs seigneurs et évêques. Si je pèche contre vous et que je sois sommé de vous faire satisfaction, je vous ferai, à moins que vous me pardonniez, telle justice que les susdits chevaliers lotharingiens font à leurs seigneurs et évêques. »

Convention qu’Odon, Robert, Anselme et Lambert jurèrent à la requête de Gautier :

« Dorénavant, nous ne porterons atteinte ni à votre vie, ni à vos membres, ni à l’évêché de Cambrai, ni aux terres, châteaux et autres biens que vous possédez aujourd’hui et que vous pourrez acquérir dans la suite par notre conseil, sans préjudice aucun pour les droits que nous avons aujourd’hui ; nous ne nous donnerons aucun nouveau seigneur et nous ne nous procurerons aucun nouveau chevalier dans l’intention de détruire ce pacte. Si Gautier pèche contre vous et qu’il ne s’amende pas dans l’espace de deux fois quarante jours, nous ne lui prêterons aucun secours contre vous et sur votre réquisition nous vous aiderons fidèlement et loyalement. »

Tout le monde connait les nouvelles conventions que nous avons faîtes avec Gautier, notre vassal. Nous lui avons pardonné, pour l’amour de Dieu et par égard pour ses amis, les offenses inouïes dont il s’est depuis longtemps rendu coupable à notre égard, à la condition qu’il nous garderait dans la suite la fidélité que lui et ses amis nous ont alors jurée. Quoiqu’il ait enfreint cette promesse d’une manière horrible et inouïe, nous lui pardonnons derechef par cet acte, en considération de l’amour de Dieu et de l’intercession du roi Robert, de l’évêque Harduin, du comte Baudoin, du comte Odon,, et en outre d’Otton, de Robert et d’autres de ses amis qui ont fait cette convention afin qu’il remplisse mieux ses promesses que les fois précédentes. »

15 mars à Bailleul, un rendez-vous à ne pas manquer


lundi 11 février 2013

Jean Bart dans la tourmente hivernale

 Hier, dimanche 10 février, la foule habituelle est venue se masser au pied du plus célèbre des fils de Dunkerque... Puis l'hiver est revenu, couvrant ses épaules d'un froid manteau, faisant passer le ciel à un blanc laiteux... S'il a résisté aux guerres, que peuvent bien lui importer quelques flocons ?




et l'hiver n'en finit pas...

 11 février 2013... Nous avions que l'hiver devait s'étirer, mais pas que la neige allait revenir sur la côte, d'ordinaire plus clémente pour la météo... Il ne fait pas froid mais lentement la ville s'engourdit par manque d'habitude, pas manque de clairvoyance... Là, pas de sel, ailleurs, pas de pelle... Et craindre les tisons de Pâques après un Noël au balcon.
Les vénérables murs et les ornements de saint-Eloi, coeur de la paroisse de Dunkerque, prennent de nouveaux reliefs sous le manteau blanc et poudreux.



dimanche 10 février 2013

Scandale des lasagnes au cheval de la marque Findus : que de bruit pour rien !


Voici une mise au point de 2005, histoire de dédramatiser : Mon royaume pour un cheval ! Peut-être pas, mais pour un bon gueuleton, oui !

Certaines habitudes se perdent dans les limbes de l’histoire : les lectrices savent-elles qu’en cuisinant, elles perpétuent parfois un rite celte sans le savoir ? Nombre de visiteurs s’étonnent du grand nombre de boucheries chevalines en Flandre, plus nombreuses qu’ailleurs. C’est qu’ici l’hippophagie est ancestrale. Les tribus celtes puis germaniques accordaient un statut particulier au cheval. Il est destiné au guerrier qu’il porte au combat. Si son coût le réserve à une élite, ses vertus sont magiques : il est « psychopompe » car il emmène les âmes des guerriers au paradis… Pourquoi le manger si on le vénère?


Nos ancêtres les « Gaulois »…
L’explication est religieuse. Les celtes, notamment Irlandais, faisaient un sacrifice particulier lors du sacre royal. Le roi s’unissait à une jument blanche devant le peuple (autre temps, autres mœurs !) puis celle-ci était sacrifiée, découpée en morceaux et cuite dans un chaudron. Le roi se baignait ensuite dans ce bouillon, y mangeait de la viande et en distribuait en même temps à son peuple qui « dînait » avec lui. Le sacrifice du cheval est immémorial chez les celtes ; d’ailleurs, on l’atteste en Inde (Indiens et Celtes sont de même origine indo-européenne) au temps du Roi Açoka au IIIe siècle avant notre ère. Mais quel est le lien avec nous ? Tout simplement, ce sont des moines essentiellement Irlandais ou bretons qui évangélisèrent la Gaule du Nord. Chez eux, ils avaient déjà interdit la consommation du cheval, bien trop païenne, et ne pouvaient évidemment tolérer ce qui rappelait le rituel qui consacrait l’union avec Epona, la grande déesse celtique des chevaux, pour obtenir d’elle bonheur, prospérité et la fécondité. Continuer d’en consommer devint un acte de résistance à la christianisation qui tuait lentement les anciens dieux.

Les pères des Flamands ne faisaient pas exception.
L’interdit est d’autant plus important que chez les Germaniques, dont nos ancêtres Francs – maîtres de nos terres depuis le IVe siècle– le sacrifice des chevaux a parfois remplacé celui des hommes dans les mêmes chaudrons. C’est que ces anciens nomades vénèrent aussi les chevaux. Excellents cavaliers, leurs montures marquent leur rang social et lorsque l’on enterre un chef, ses chevaux sont sacrifiés et inhumés avec lui. Ainsi, les fouilles récentes de la sépulture de Childéric, à Tournai, ont mis au jour d’une fosse emplie de plusieurs dizaines de ces animaux chargés d’accompagner le roi dans l’au-delà…
Au Moyen-âge, le cheval reste l’apanage des puissants ; tout chevalier qui se respecte doit en avoir au moins trois: un premier pour ses déplacements communs, un autre pour le transport des armes et enfin un destrier robuste et fiable pour combattre … De même pour les femmes d’importance. Seule restriction : la bienséance leur interdit de monter autre chose que des juments. Elles n’ont le droit de chevaucher qu’une haquenée (terrible haquenée juvénile quand la jument est jeune…). Le Moyen-âge est une époque pragmatique, sans sentimentalisme. Le cheval a été soigné et nourri donc lorsqu’il devient inutile, blessé ou vieux ; on ne l’enterre pas, on le consomme. Il n’y a pas de petit profit et tout s’utilise comme le cuir de cheval, réputé imputrescible.

Et les siècles passent…
Les siècles passent et la consommation perdure. Ainsi au XIXe siècle, les boucheries chevalines se multiplient. La matière ne manque pas car l’agriculture n’est pas mécanisée. Néanmoins, elle est devenue une viande de pauvres, vendue à bas prix. Pourtant il y a des possibilités insoupçonnées de la préparer : cuite ou hachée et crue, sur une tartine recouverte de smout… pardon, de saindoux…
Aujourd’hui, encore, on se fournit encore dans les échoppes équines, mais grâce à la Faculté de Médecine. Le viande de cheval est la moins grasse (mais toujours plus que le poisson le plus gras) et est recommandée dans la lutte contre l’hypercholestérolémie… Manger du cheval n’est plus une résistance à l’Eglise mais une lutte contre l’embonpoint… Les temps changent, les habitudes restent.

sacrifions aux traditions : Carnaval de Dunkerque, 10 février 2013

Les visiteurs et habitués de mes pages, que je publie depuis tout de même plus de 8 ans, savent que je suis loin d'être un fan de carnaval... Si j'en crois mes notes, j'ai arrêté en 1985... Déjà je ne supportais plus l'imprégnation alcoolique et la violence périphérique (car si dans la bande, cela reste bon enfant, les problèmes existent autour d'elle...). Puis, j'avoue, je connais beaucoup de carnavaleux, si je tombe sur eux, je ne serai pas de retour avant longtemps. Venant de déménager pour le centre de Dunkerque, pas moyen d'esquiver : la bande passe devant mes fenêtres. Ach ! Bien au chaud, j'ouvre la fenêtre et met en route l'appareil, non point pour moi mais pour les fans de ces Saturnales modernes, et pour les Dunkerquois et autres flamands du littoral expatriés ou bloqués pour cause de grippe (quoique le virus résiste mal à ce qu'on ingurgite dans toute bonne chapelle qui se respecte)... Par chance, je suis dans les tout premiers kilomètres de la bande, l'ambiance est bonne enfant, on repère déjà ceux qui arrosent les murs et les portes de garage... On vous demande de faire des photos mais on a du mal à retenir sur quel site les récupérer... Cela reste encore amusant, et avec le recul, autant à regarder qu'à faire. Selon la presse, la bande de Dunkerque a fini hier soir sous la neige... Les Trois joyeuses sous la neige puisque le "manteau blanc" s'est installé cette nuit sur la côte, voilà qui risque de donner du travail aux urgentistes... Bon courage, les masquelours, je pense que je vais suspendre mes sorties, on ne sait jamais...