mardi 10 novembre 2015

et en Flandre maritime arrive la nuit de saint-Martin



A ranger au chapitre des contes et légendes, l'histoire de saint-Martin en Flandre littorale est le pretexte pour les enfants de défiler nuitamment, lampions et betteraves sculptées à la main pour partir à la recherche de l'âne du saint, perdu dans les dunes... 

Pour l'époque, la vie des Flamands de la côte était dure et âpre. Rien n'existe hormis quelques villages de pêcheurs perdus dans le long cordon dunaire, soumis aux caprices d'une mer menaçante qui déjà à plusieurs reprises avait envahi ces terres pauvres, et des lagunes salées, des "moëres", vestiges de ses incursion... Nulle grande ville, nulle agglomération, nul beffroi et les rares traces des hommes ne se limitent alors finalement qu'à quelques cabanes... Peu de gens osent s'aventurer en ces terres ingrates et où la vie confine plus souvent à la survie : quelques pêcheurs, quelques navigateurs commerçants, des missionnaires chargés de porter la bonne parole à ces barbares issus des dernières migrations germaniques...

La légende veut que saint-Martin, l'apôtre des Gaules, vint en ces lieux en prédicateur acharné... acharné et téméraire car il faut oser s'aventurer auprès des autochtones qui continuent d'adorer les dieux de leurs pères... Juché sur son âne afin de multiplier les conversions des âmes et des coeurs, il entreprend alors de sillonner la dure terre des Flandres maritimes...

Mais, l'âne comme l'homme, ne vivent de l'air du temps et il faut bien se résoudre à le laisser batifoler dans les dunes pour qu'il puisse se sustenser des rares herbes folles et des quelques chardons...
Emporté par un long sermon, Saint-Martin, pas plus que son auditoire, ne s'aperçoit que le petit équidé s'est éloigné, ayant épuisé la maigre nourriture disponible, vers des dunes plus au nord, vaticinant entre monticules de sables et marécages dangereux... Bien évidemment, ce n'est qu'à la nuit tombée que le missionnaire s'aperçoit de sa disparition... La population qui l'a pris en affection se décide donc de partir à sa recherche, allumant torches et lampions pour quadriller toute la dune... Le mérite de la découverte de l'animal revient aux enfants.. Comme le petit Poucet, l'âne avait tout bonnement, appel de la nature oblige, balisé son voyage en déposant ses crottes tout au long de son chemin... et ceux-là de ramener la monture perdue à son maître...

Saint-Martin, décidant que le cadeau qu'on lui fit alors le plus simplement possible, décida que cela valait bien un petit discours de remerciement mais le Flamand, il le sait déjà, est pragmatique et qu'après tout, un petit miracle valait bien le coup pour ceux qui s'etaient donné tant de peine... Pour bien montrer sa gratitude, le voilà qu'il arpente avec les enfants le même chemin qu'avait pris son âne et transforma en brioches les petits tas de crottes qu'avait déposé sa monture... Les enfants ne pouvaient qu'apprécier les "volaren"...

En souvenir de cette visite apostolique qui pour une fois ne se termine pas par une longue messe en latin, les enfants défilent le jour de sa fête le 11 novembre (bien que maintenant cette date  marque un autre souvenir si important qu'il faille décaler le défilé. Les villes de Flandre maritime perpétuent cette fete populaire depuis longtemps même si au fil des années, les torches ont été replacées par les lanternes et betteraves sculptées et évidées... Plus loin encore au dela de l'anecdote d'une rare fête réellement réservée aux enfants, c'est aussi le symbole d'une christianisme apportant la lumière qui triomphe des ténèbres...

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