vendredi 27 mai 2016

les vies du quartier Pagézy de Dunkerque

Les Dunkerquois sont habitués à cette caserne qui n'est plus désormais qu'une vaste batisse vide. Loin le temps où y était établi le CM20... De la présence de l'armée de terre ne reste plus que le CIRAT qui assure information et recrutement pour cette armée, le commandant de place n'y a même plus ses bureaux puisque cette fonction est dévolue au commandant maritime, à l'Hôtel de la Marine quai de la citadelle depuis la restauration du CoMar à Dunkerque au milieu des années soixante-dix...

Retour donc sur l'histoire de cette imposante bâtisse... 

LE QUARTIER EUGENE PAGESY
 
In Maurice Million, « La défense avancée de Dunkerque à travers les âges », 1968, 167 pages, pp.161-162

Le quartier Eugène Pagézy encore appelé caserne Pagézy est situé 27 et 29 quai des Jardins à Dunkerque. L’entrée principale se trouve le long du canal de Jonction. Une grande porte manœuvrée par le militaire de service donne sur une petite cour qui permet l’accès dans les nombreux bureaux du quartier en particulier à celui du Commandant de la Place et à celui de son capitaine-adjoint.
Cette caserne était à l’origine une filature qui a conservé malgré les modifications successives l’aspect architectural des filatures du siècle dernier.
 
En 1840, du côté du Pont Royal, vers l’emplacement de la rue Marengo ouverte en 1850, une fabrique, vaste bâtiment à étage était construite. Elle se livrait au tissage des toiles à sac et employait aussi des femmes qui confectionnaient à domicile des sacs pour le commerce. Broquant et Slembrouck en furent les propriétaires. Hélas ! l’activité de l’usine cessa et la filature devint la propriété de la ville.
 
En 1872 dans cette fabrique désaffectée, l’administration municipale installe le Mont de Piété trop étroit dans les dépendances du musée rue Benjamin Morel. La porte d’entrée était rue Marengo du côté de la façade principale. Entre temps, le Mont de Piété était devenu la caisse de Crédit municipal.
 
Pendant la guerre 1914-1918, la grande cave servit de dortoir et une tranchée avait été creusée sous la cave ; les occupants s’y réfugiaient pendant les bombardements.
 
L’immeuble fut vendu à l’autorité militaire qui de 1936 à 1939 en fit un quartier pour y installer les bureaux du centre mobilisateur, le bureau de la place et une section de militaires.
De nombreuses salles ont été aménagées pour recevoir des militaires de passage dans notre ville.
 

Le nom de général de corps d’armée Eugène Pagézy fut donné à l’établissement car il était, comme commandant de la première région à Lille, l’animateur et le responsable des travaux.
 
En 1940, une soupe populaire fut installée dans les salles du quartier, ce qui rendit de grands services à la population. En 1945, des prisonniers allemands l’occupaient.
 
De nos jours, elle est le siège du centre mobilisateur numéro 20 et le siège social de l’association des officiers de réserve et de l’amicale des sous-officiers de réserve de l’arrondissement de Dunkerque. Parfois de belles conférences y sont données par les officiers d’état-major ; la salle de conférence sert aussi de salle de réception pour les grands chefs.
La bibliothèque de la garnison est installée à la caserne Pagézy. Si les militaires n’y sont pas très nombreux, il y règne une animation permanente occasionnée par la présence des nombreux bureaux.

vendredi 13 mai 2016

Une grande dame féodale : Yolande de Bar, dame de Cassel



In E. Coornaert, « La Flandre Française de langue flamande », 
Les éditions ouvrières, Paris,  p, pp 59-61

Pendant les deux derniers tiers du XIVe siècle, à travers les heurts et les drames qui relèvent de la grande histoire, une femme d’un caractère exceptionnel mis sans aucun doute les esprits en fréquent émoi dans le Westhoek : par la cascade déconcertante de sa vie, par ses conflits incessants avec les plus hautes autorités civiles et religieuses, par ses revirements politiques, et néanmoins par ses services et bienfaits pour les communautés et habitants de ses domaines.
 
Fille du parfois douteux Robert de Cassel et dame de cette ville, Yolande de Bar était née en 1326. En 1339, elle fut mariée à Henri, comte de Bar. Elle fut veuve en 1344, à l’âge de 18 ans, ayant deux enfants. Elle se remaria en 1353, avec Philippe de Navarre, frère de Charles le Mauvais, l’ennemi du roi Charles V. Philippe mourut dix ans plus tard. Le fils d’Henri, Robert, fut investi en 1357, du Barrois, érigé en duché. Yolande vécut la plus grande partie de sa vie, surtout au château de la Motte-au-Bois. Elle le fit restaurer en 1380-1381, y reçut le poète français Eustache Deschamps qui en célébra la beauté. Elle avait aussi une maison à Paris, près de la rue Cassette, - déformation moderne de Cassel. Obligée de s’enfuir devant l’expédition anglaise de 1383, elle alla d’abord à Paris, puis à Bar, revint en 1384 et mourut à la Motte-au-Bois en 1395.
 
A la fin de sa vie, alors qu’elle s’était déjà vu reprendre, par les Comtes de Flandres, Bergues, Furnes et Nieuport, ainsi que Bailleul, ses « terres et possessions » étaient composées des « châtellenies et villes de Dunkerque, château, châtellenie et terre du bois de Nieppe, château, ville et châtellenie de Warneton, ville de Gravelines, pont d’Estaires, ville et châtellenie de Bourbourg avec appendance et dépendance, ville et châtellenie de Cassel, etc… ».
 
L’auteur qui lui a consacré l’étude la plus développée a écrit : « il n’y a pas de personnage dont les papiers existent à l’hôtel des archives du Nord qui ait fourni pendant plus de cinquante années autant de lettres et autres pièces intéressantes. » Cette dame de Cassel, en dehors de nombreux renversements de situation dans sa famille, témoigna d’une criante désinvolture pour la loi morale et multiplia les exemples de palinodies politiques.
 
En 1357, elle avait fait battre de la fausse monnaie ; elle faisait jeter dans un puits deux chanoines de Verdun, puis assassiner un troisième, lequel, à la vérité, était devenu un brigand. En 1359, elle ravageait son comté de Bar où s’étaient produits de troubles. En 1366, elle payait la rançon de son fils retenu à Metz pour dettes ; en 1371, elle le faisait prisonnier. Cette même année, elle faisait périr un sergent ou huissier du roi de France et un chevalier. Du coup, Charles V la fit emprisonner au Temple, d’où elle ne sortit qu’en 1373, moyennant une rançon de 18.000 livres, payée par ses gens de Cassel. En 1377, elle faisait arracher de l’église de Vieux-Berquin un homme qui s’y était réfugié, comptant sur le droit d’asile, et le faisait mettre à mort. Aussi subit-elle en série excommunications pour elle-même – en 1357, 1366, 1377 – et interdits sur ses terres – en 1366 et 1379. Encore en 1395, l’année de sa mort, de passage à Alost, elle était arrêtée pour dettes.
 
Du point de vue politique, ses relations et engagements connurent des vicissitudes tout aussi singulières. En 1344-1345, après la mort du comte de Bar, Philippe VI de Valois l’avait soutenue contre des compétiteurs. En 1349, elle prenait parti contre le même roi de France, lié au comte de Mâle. En 1357, elle se rangeait aux côtés de Charles le Mauvais, son beau-frère, contre Charles V – et le roi d’Angleterre faisait garantir ses possessions en France par le Traité de Brétigny (1360). En 1379, après de nouvelles difficultés, le roi lui accordait une amnistie et c’est d’abord à Paris qu’elle s’enfuit devant les Anglais. Tout au long de son règne, elle fut en procès avec les comtes. Louis de Nevers avait commencé à « retraire », morceau par morceau, les apanages de la seigneurie de Cassel. En 1391-1392, Yolande cédait à Philippe le Hardi ce qui lui restait encore contre « recompensation » (note : nous avons vu pourtant qu’au XVe siècle, le duc de Bar s’appelait encore seigneur de Cassel) ; en 1395, le château de la Motte-au-Bois était remis aux commissaires du duc de Bourgogne.
 
Les péripéties contrastées de la vie et de l’action de Yolande offrent aussi des aspects moins dramatiques. Elle était parfaitement capable d’œuvres de piété, de générosités diverses (lorsqu’elle attendait une levée d’excommunication ou d’interdit ?). Son crédit dans la région la fit choisir plusieurs fois comme arbitre entre des familles engagées dans des guerres privées. Elle octroya des privilèges à Dunkerque en 1377, à Cassel en 1378. En 1381, Dunkerque, Gravelines et Nieuport célébraient en son honneur des réceptions solennelles. Elle aurait assisté à la messe chaque jour – voor goed, pour de bon, assurait benoîtement le narrateur –, elle observait l’abstinence du vendredi ; en 1395, elle léguait par testament 100 livres de gros (une somme considérable) « à pôvres filles pour engager à marier avec povres ouvriers » dans toute l’étendue des terres qu’elle possédait. Sans doute ne faut-il pas juger d’un pièce. Les consciences du Moyen Age (alors seulement ?) s’accommodaient souvent de failles transitoires successives.
 
Evidemment singulière, la destinée d’Yolande de Bar, dame de Cassel, n’en est pas moins riche d’enseignements. Elle fut une féodale entichée de ses droits et de ses pouvoirs. Elle représente bien pour nous une époque finissante : encore capable de mener une action indépendante, elle se heurtait aux entreprises d’un Etat qui peu à peu réduisait, absorbait dans tous les domaines les forces capables d’autonomie.

la Flandre... avant la Flandre...



In E. Coornaert, « La Flandre Française de langue flamande », 
Les éditions ouvrières, Paris,  p, pp 17-19


Ses débuts se clarifient peu à peu. Au temps de Jules César, le pays était occupé par les Morins (de la mer, mor, ou des Moëres), qu’on a pu apparenter – d’ailleurs avec prudence – à la race de Cro-Magnon. De quelle manière subirent-ils l’ascendant des Celtes ? Le fait est qu’ils parlent une langue celtique. Virgile les appelait extremi hominum, les hommes du bout du monde. Malgré de durs efforts, César ne les vainquit pas : serrés de près, ils se refugiés dans leurs bois et leurs marais, inaugurant la vocation de marche de leur pays. La région ne fut soumise que sous Auguste ; elle commença d’être romanisée sous Claude.
 
A la fin du Ier siècle de notre ère, les Ménapes ou Ménapiens, venus des bords du Rhin, occupèrent la majeure partie de la Flandre actuelle. Les limites entre Morins et Ménapiens prêtent à contestation : encore au Moyen Age, on écrivit parfois Balliolum in terra Moriensi ; Cassel, capitale, fut appelée castellum tantôt Morunorum, tantôt Menapiorum. Dans ces confins éloignés, l’occupation romaine resta superficielle. Mais, pliés par l’accoutumance aux fatalités de leur temps, Morins et Ménapiens formèrent dans la suite, sous leur propre nom des légions de l’armée romaine.
 
Ni les uns ni les autres n’avaient de villes : « ils passaient leur temps dans des cabanes ». Ils foulaient un sol tourbeux, peut-être recouvert de sable (la tourbe affleure encore en certains points au-delà de la frontière actuelle). La plaine était protégé contre la mer par un cordon de dunes dites « anciennes », formées plus de deux mille ans avant J.-C. et dont il reste un vestige entre Ghyvelde et Adinkerke. César appelait le pays des Morins continentes silvas, des forêts continues ; « le pays des Ménapiens mérit(ait) à peine le nom de terre », tellement il était imbibé d’eau. Les uns et les autres faisaient de l’élevage : des moutons, des oies, des porcs (ils envoyaient à Rome des jambons très appréciés des gourmets) ; ils trouvaient des ressources dans la récolte du sel et dans la pêche : les huitres ménapiennes furent célèbres. Morins et Ménapes exportaient des produits textiles, nommés birri, dont un édit de Dioclétien fixa le prix. Ils fabriquaient des produits dont il est resté des témoins assez nombreux. On a trouvé çà et là des monnaies et des restes de céramiques de l’époque romaine, par exemple à Drincham et à Killem. Mais il ne semble plus subsister que peu de ces vestiges en Flandre française, alors que la région de Saint-Omer en aurait gardé beaucoup au XIe siècle, et que le littoral belge a révélé des sites très intéressants de monnaies et de poteries au détour des XIXe et XXe siècles, à deux cents mètres au-delà de la frontière entre Bray-Dunes et la Panne.
 
A partir du IIIe siècle, les Francs Saliens, peu à peu plus nombreux dans les rangs des légions, colonisèrent le pays jusque dans le Calaisis et le Boulonnais. Quelle fut la proportion de ces envahisseurs par rapport aux populations déjà en place ? Au IVe siècle, sur la côte entre l’embouchure de l’Escaut et celle de l’Aa – côte qui allait devenir très incertaine – s’établirent des Saxons : ils furent appelés Flamwandras, errants dans les marais, d’où leur est venu le nom de Vlaanderen. Au VIIe et VIIIe siècles, des Frisons les supplantèrent sur certains points. L’établissement de Germains dans le pays, par familles, par groupes, est certain ; mais, d’après les savants les plus autorisés, les indications procurées par la toponymie sur leur nombre sont moins claires et moins décisives qu’on ne l’a répété.
Au cours du IVe siècle eurent lieu des changements importants de nature diverse. Cassel céda la place comme capitale à Tournai (de même que Bavai à Cambrai chez les Nerviens). Les Morins se fondirent dans le pagus Mempiscus, qui ne fut sans doute pas une circonscription administrative et dont le nom, d’abord réservé à l’ouest, s’étendit à tout le territoire de la Flandre.
 
Sous le règne de Clovis, un roitelet établi à Thérouanne fit alliance avec lui. Dans la suite, compris dans la Francia occidentalis, le pays fit partie de la Neustrie fortement tournée vers l’ouest et le sud. L’histoire particulière du pays sous les Mérovingiens et le premiers carolingiens se débrouille, mais est encore mal éclaircie.

mercredi 11 mai 2016

un projet qui nous plait : attacher la frégate Jean Bart à Dunkerque

Michel HÉLUWAERT
Docteur en science politique.
Inspecteur (h) de la Jeunesse & des Sports.
m.heluwaert@cegetel.net



 Montpellier,  juin 2014


Dix sept bâtiments de la Royale ont porté le nom du héros des Dunkerquois. Il n’en subsiste qu’un seul. Il sera, d’ici quelques années, désarmé. Dans les errements de la tradition il a toutes les chances d’être ferraillé ou océanisé.  Il attendra alors, simple numéro de coque, au mouroir de Landévennec, le moment où, lentement, la pourriture et la rouille en auront fait un objectif de tir.  Le cas le plus symbolique de cette absence d’intérêt pour nos unités navales est celui  du  Dugay-Trouin  qui,  capturé  par  les  Anglais  à  Gibraltar,  devint  chez  eux l’Implacable. L’Amirauté n’en ayant plus d’emploi proposa, à la France, en 1947, de le lui rendre afin qu’elle en fit, à l’instar du Victory, un navire-musée. Pays maritime dirigé par des ruraux, la France déclina l’offre et le brave vaisseau fut sabordé, avec tous les honneurs militaires dus à son rang, le 2 décembre 1949, au large de l’Île de Wight.

La Duchesse Anne a failli subir un sort identique, mais Dunkerque l’a sauvée. La  frégate  Jean  Bart  doit,  comme  elle,  être  l’objet  de  la  sollicitude  de  sa  ville marraine. Il est indispensable de lui trouver un sort correspondant à l’intérêt que les Dunkerquois portent à leur héros. Il ne peut se résumer à une statue et à un hymne entonné lors des grandes occasions locales. Descendant de Josse Elewart, matelot dans les équipages des navires de Jean Bart,  dont  les  fils  ont  été  déchargeur  (Pierre  Josse)  et  charpentier  de  navires
Matthieu),  je  pourrai,  ce  qui  peut  expliquer  l’intérêt  que  je  porte  aussi  au  Musée Portuaire, n’avoir que cet argument à pousser. Je suis, surtout, soucieux de valoriser et  améliorer  l’image  de  ma  Cité  natale.  C’est  ainsi  que  j’ai  retrouvé  la  Princess Elisabeth en espérant qu’on en fit le mémorial Dynamo.   Comme je sais qu’il faut, face aux décideurs, défendre des options autres que sentimentales,  je  vais  m’efforcer,  au  long  des  pages  qui  suivent,  de  démontrer l’utilité de ce projet et d’en exposer les modalités de réalisation. La transformation de la frégate en monument historique (navire-musée) est une option  positive  sur  le  plan  mémoriel  et  économique.  Support  de  la  mémoire  de  laguerre de courses et des corsaires dunkerquois, elle attirera ces nombreux touristes en quête de souvenirs historiques. En  synergie avec les autres sites muséaux de la Ville, elle confortera le développement de ses structures d’accueil touristique et participera à l’expansion de l’économie locale. 
 
Un  mémorial  Jean  Bart  doit  s’appuyer  sur  l’exemple  du  Musée  Portuaire, c'est-à-dire disposer d’un site à terre et d’un autre à flot.
Le site à terre doit présenter plusieurs axes thématiques.

- La guerre de course.
- L’histoire des corsaires dunkerquois.
- Jean Bart, sa fratrie et sa légende.
- Les maquettes des unités navales ayant porté son nom.

 
Le  site  à  flot  doit  être  facile  d’accès  pour  la  diversité  des  publics  (groupes,individuels et handicapés) souhaitant la visiter et disposer de zones de stationnement.
Si le Musée Portuaire met en valeur les activités civiles, du port, le Mémorial Jean Bart doit rappeler l’importance de son histoire navale. J’ai  évalué  deux  options  de  placement.  Le  placement  en  cale  sèche  m’est apparu a priori intéressant car il évite le carénage décennal, il est exploité pour le Victory, le Cutty Sark et, le Fram présenté au sein d’un immeuble monumental. Il génère cependant des coûts d’aménagement lourds, solution difficile à envisager en période d’indispensables économies.   J’ai  donc  opté,  à  l’instar  de  la  Duchesse  Anne  pour  le  placement  à  flot  qui permet au visiteur, suivant l’angle où il se place, d’admirer l’unité dans ses lignes d’eau. L’idéal eût été que la frégate soit symboliquement placée dans le Bassin de la Marine, mais les contraintes physiques du site en rendent l’accès impossible.  
 
 
Deux solutions d’amarrage me sont apparues envisageables. La  première  consistait  à  amarrer  la  frégate  au  long  de  l’avenue  Maurice Schumann,  à  l’extrémité  Est  du  Freycinet  2.  Elle  permettait  d’apercevoir  les superstructures  du  navire  depuis  le  Parc  de  la  Marine.  Cependant,  l’étroitesse relative du site, pollué par un axe de circulation important, ne facilite pas une réelle mise en valeur proche du navire. On y trouve cependant trop de véhicules stationnés dont  la  présence  interdit,  comme  c’est  le  cas  pour  la  Duchesse  Anne,  une  vision optimale du navire. 
 
La seconde, pour laquelle j’ai finalement opté est un amarrage à l’extrémité Est du Freycinet 1, l’emplacement qu’elle occupe lors de ses visites.  Le site bénéficie d’un espace de quai assez large permettant d’apprécier le navire dans ses lignes. La vue n’en sera pas bloquée par un véhicule en stationnement car il existe, Place de l’Yser un espace suffisant et extensible. Il offre également une autre vue depuis le quai de départ.   Lorsque la frégate est vue depuis le quai de Départ sa masse s’harmonise avec les toits des immeubles Piquet, ceux de l’ancien entrepôt des tabacs, ceux des  petits immeubles à gâbles traditionnels de la place de l’Yser et les huniers de la Duchesse Anne dépassant l’ensemble des toits. Cette conjonction de symboles valorise l’image de Dunkerque.

Il reste à définir son organisation, deux options sont possibles.

- La  première  consiste  à  créer,  entre  la  rue  de  l’Université  et  le  quai  du Freycinet 1 Est, un site (sur un seul niveau soit # 100 m sur 15 à 20 => 1500  à  2000  m 2)   comprenant  les  salles  de  présentation,  la  billetterie  et l’inévitable  boutique  librairie-souvenirs.  Son  avantage  réside  dans  une jonction physique entre le navire et le musée. Les visiteurs pénètrent dans le  musée,  suivent  un  circuit  les  initiant  à  l’histoire  et  aux  missions  de  la Royale, embarquent à bord du navire et…. sortent par la boutique.    Elle impose la construction d’un immeuble… avec les coûts afférents….

- La seconde réside dans le développement, au sein du Musée Portuaire, d’un très vaste espace dédié à Jean Bart à partir de l’extension de ses surfaces d’exposition dans l’actuel bâtiment des Archives qui seront prochainement libérées  par  l’aménagement  de  la  Halle  aux  Sucres,  voire  même  du bâtiment  voisin.  Apparemment  moins  coûteuse  et  pouvant  se  concrétiser assez vite, elle a pour défaut de disjoindre les présentations à flot et à terre de la partie navale.

La gestion de la frégate-musée.
Le  Musée Portuaire, issu d’un projet des acteurs économiques et sociaux du Port, est confié à une association de gestion qui pourrait prendre la responsabilité de la frégate. Il existe, à Dunkerque, une association de la communauté des marins de Flandres-Artois-Picardie, apte à assurer la gestion et l’animation d’un navire-musée et de prendre un tel dossier en main.   Il suffit de lui faire confiance.   La gestion du dossier « frégate ». Diverses négociations sont à engager, dès lors que  la collectivité et la future association gestionnaire auront passé un accord de principe sur la gestion du dossier.

- Il faut obtenir l’accord de la Royale. Il devrait être a priori favorable car une frégate-musée sera, dans la grande région Nord-Est, un lieu de promotion de ses missions.
- Il faut obtenir des Affaires Culturelles que le navire soit classé au titre des Monuments Historiques.
- Il  faut  obtenir  du  Grand  Port  Maritime  la  décision  de  lui  affecter  cette partie du quai sans lui imposer des taxes insupportables.
- Il faut obtenir l’aval des services de sécurité (sanitaire => amiante et accueil du public)

Ces  opérations,  longues  en  raison  des  viscosités  administratives,  imposent d’engager très vite l’ensemble des négociations afin que tout soit prêt au moment où la frégate arrivera à Dunkerque pour être désarmée. Il ne reste que quatre à cinq ans. Les partisans du projet doivent donc, par paroles et par écrits, convaincre et mobiliser l’ensemble des autres acteurs.

Les réponses aux critiques.
Les  opposants  à  ce  genre  de  projet  sont  souvent  pétris  de  principes  à  partir desquels  ils  objecteront  bien  des  choses  négatives.  Tout  est  bon  pour  tenter  de détruire ce à quoi on ne croit pas.

- En premier lieu, on avancera le problème de l‘amiante. On dira que le navire en est bourré et que cette situation est préjudiciable à la santé du visiteur qui  y
passera une heure ou deux. C’est même, parfois, le discours de la Royale… On peut  faire  observer  aux  détracteurs  que  les  actuels  membres  de  l’équipage  y sont  confrontés  bien  plus  longtemps  à  l’année  et  que  l’on  n’a  pas  encore constaté chez eux de problèmes y afférents.
- En second lieu, on évoquera le soi-disant cas d’école du Croiseur Colbert. Il est nettement plus vicieux car il insinue qu’une grande ville comme Bordeaux a  su  se  débarrasser  d’un  tas  de  ferraille.  Une  étude  du  problème  avec  des bordelais,  notamment  un  ancien  ingénieur  du  port  et  un  universitaire  m’a apporté trois réponses :
- Technique : Le premier problème résidait dans l’amarrage du Colbert aux Chartrons  avec  la  gestion  des  variations  de  hauteurs  d’eau  à  un  quai soumis à la marée. Le second s’est posé lorsqu’il a fallu, comme pour la Duchesse  Anne,  envisager  un  grand  carénage.  Alors  qu’il  a  suffi,  à Dunkerque,  de  déplacer  le  navire  sur  une  faible  distance.  Alors  qu’il suffit, pour le Maillé-Brézé, d’un simple remorquage à Saint Nazaire, le carénage du Colbert imposait de le conduire soit à Saint Nazaire, soit à Brest. Le coût étant insupportable, il semble qu’on ait, dans la tradition de la Royale, choisi l’aller simple pour Landévennec.
- Politique : Le problème est différent. Le Colbert a conduit le Général de Gaulle  à  Québec  lors  des  évènements  que  l’on  sait.  Pour  Jacques Chaban-Delmas  il  était,  un  symbole  de  la  politique  du  Général,  un mémorial de son action. Le souvenir du Québec libre s’estompe….
- Économique : La vision d’Alain Juppé est tout autre qui a souhaité libérer les quais des Chartrons pour accueillir des paquebots. Si le Colbert était, dans les années 1990, le musée le plus visité de Gironde (90 000 visistes annuelles), les retombées des escales de croisiéristes sont sans commune mesure avec ce qu’il rapportait à la Ville.
- En troisième lieu on évoquera les coûts et la rentabilité. La question vaut d’être posée  surtout  dans  une  période  de  nécessaires  économies.  Un  dossier  de  ce type  induit  des  dépenses  d’investissement  et  de  fonctionnement.  On  estime souvent, dans le cas d’un investissement (sportif, culturel, scolaire,…) relevant d’une  collectivité  territoriale  que  l’investissement  ne  peut,  à  l’instar  d’un investissement privé, être repris en amortissement. On se penche alors sur le ratio  frais  de  fonctionnement/recettes,  rarement  positif  sauf  à  considérer  les revenus sociaux immatériels des pratiques. Il me semble donc préférable de commencer par l’évaluation des recettes afin de voir  comment elles peuvent atténuer, voire annuler les dépenses. Quelle qu’elle soit,  la  contribution  du visiteur  ou  de  l’usager  participe  peu  à  l’amortissement  des frais de fonctionnement. Il existe une constante économique et sociale. L’achat d’un billet  d’entrée  dans  un  site  public,  culturel  ou  sportif,  n’est,  généralement,  qu’une simple participation aux frais.  L’important  d’un  dossier  de  ce  type  reste,  pour  qui  se  sent  concerné  par  les problèmes économiques, que l’importance de la durée et du nombre de visites d’un site conduit le visiteur à consommer au moins un repas et, si possible, mais en raison de  la  qualité  des  offres  locales,  une  nuit  car  cela  signifie,  outre  l’hébergement,  un repas supplémentaire.
La visite gratuite du Belfast est offerte dans le London Pass. La visite gratuite du Maillé-Brézé est offerte dans le pass de Nantes. Lors  de  l’escale  de  2014,  la  frégate  a  accueilli  (informations  données  par  la Marine) 1800 visiteurs le simple après-midi du samedi 1 er  juin et 3 000 le dimanche. Or,  un  simple  flux  quotidien  de  150/180  visiteurs  extérieurs  signifierait  une fréquentation annuelle moyenne de 45/54000 visites, soit 0,06% des 90 000 000 de personnes résidant au sein de l’espace-temps des deux heures de TGV ou d’autoroute pour atteindre Dunkerque.

C’est pourquoi je suggère cette petite anaphore d’évaluation.

- 50 000 visites à € 6.- rapportent € 300 000.-
- 50 000 repas à € 20.- rapportent € 1 000 000.-
- 50 000 nuitées à € 100.- (nuit + repas/personne) rapportent € 5 000 000.-

 
Ce sont des paramètres à prendre en compte lors de la décision. La réponse se niche dans le professionnalisme de l’Office du Tourisme. Je ne puis, simple concepteur, que reprendre la vieille formule de la Royale.

Á vous le soin !
 
Annexe (Crédit photo Jean-Luc DELAETER)

 La frégate, telle qu'elle serait vue du quai du départ
 La frégate, telle qu'elle serait vue depuis le Freycinet 3
Qui a dit que la Royale n'intéressait personne ? 
4.800 visiteurs sur un jour et demi !!!!
 La photo ci-dessus montre la capacité du quai à accueillir un espace muséal dédié.

source de l'article : http://www.sous-mama.org
 

mardi 10 mai 2016

portfolio : (re)découvrir le fort des dunes de Leffrinckoucke

Haut lieu de la défense de Dunkerque lors de l'opération Dynamo, lieu de sépulture au carré des Braves qui le jouxte (notamment avec la tombe du Gal Janssen, commandant la 12e DIM, le fort établi par Séré de Rivières à été durement éprouvé pendant la campagne de France et fut occupé durant toute la guerre. D'ailleurs, l'exécution de résistants dans ses fossés est constamment rappelée...
Occasion est désormais offerte de le (re)découvrir, avec de nouvelles restaurations, soit seul, avec ou sans audioguide , en visite guidée (sur réservation).



 renseignements pratiques...



 au casernement de la troupe
 un canon de Bange, reconstitué avec maestria
 au calme des couloirs de batiment des troupes

 vestige de l'occupation allemande, le blockhaus veillant sur la voie de chemin de fer
 le socle du radar de marine See Riese FuMo 214




 parfois, des reliques réapparaissent

 au logement des cadres




 passer du logement des cadres à la troupes
 fin tragique pour la prévôté de la 152eDIM dans l'abri-traverse dévasté
 descendre vers la caponnière nord

 calme et obscurité dans les défenses de la cunette

 entre escarpe et contre-escarpe, au plus profond de la cunette


 au pied de la caponnière sud, flanquée deux cotés de la cunette

 aux martyrs de la résistance
 circuler sous terre

 à la caponnière